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Libération

Ne laissons plus les banques battre monnaie

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publié le 13 décembre 2011 à 0h00

Aujourd'hui l'essentiel de la création de monnaie a pour origine le crédit bancaire. Quand vous empruntez pour acheter un appartement, la banque inscrit votre créance à son actif, et crédite votre compte courant de la somme, laquelle est aussitôt virée sur le compte du vendeur. Elle a ainsi créé ex nihilo de la monnaie en monétisant une créance et en détruira quand votre prêt sera remboursé. Cette monétisation de créances futures, que la Banque centrale européenne refuse aux Etats au nom du risque inflationniste, est le moyen quotidien de création monétaire par les banques. Le privilège de battre monnaie, qui était jadis celui des Etats, est maintenant, en quasi-totalité, l'apanage des banques commerciales. Dans ce contexte, la création nette de monnaie dépend de la coïncidence entre le désir des emprunteurs d'emprunter et celui des banques de prêter.

Cette situation a trois inconvénients majeurs. Le premier, noté par Keynes, est l’instabilité dans la circulation monétaire. Pendant les récessions, les emprunteurs sont moins enclins à emprunter et les banques, au bilan chargé de mauvais actifs, sont moins à même de prêter. La contraction de la création monétaire qui en résulte aggrave la récession et peut plonger l’économie dans la déflation. Le deuxième inconvénient, est que la création monétaire donne aux banques un rôle si central dans l’économie que leur renflouement en cas de crise systémique est inévitable. En cédant leur privilège monétaire aux banques, les Eta