Dans
[ une tribune parue dans Libération lundi, ]
David Djaïz et François-Xavier Petit m’ont reproché d’avoir présenté la démondialisation comme une idée
«fausse, arrogante, contradictoire et démagogique».
Puisque c’est la première fois, depuis que j’en parle, que je reçois des arguments et non des invectives à ce sujet, j’aimerais prolonger ici un dialogue de bonne foi. Pourquoi la démondialisation est-elle arrogante ? Parce que, quand la grande minorité d’un petit pays comme le nôtre feint d’entreprendre, à elle seule, d’inverser le cours de l’histoire,
«elle siffle plus haut que sa bouche»,
comme disait Lucien Jerphagnon.
Le fait que le concept soit né dans un pays du Sud n'est pas une preuve d'humilité. Se donner pour but «la convergence sociale et fiscale du Vieux Continent» ne l'est pas davantage. Si la mondialisation était une dictature - si son pouvoir reposait sur l'apparat, la police secrète et la servitude volontaire - il suffirait peut-être qu'un seul pays se rebelle pour que l'édifice vacille, à la manière dont une immolation déclenche le printemps arabe. Seulement, ça n'est pas le cas. Et il faut ici bien plus qu'un rouage rebelle pour gripper l'ensemble de la machine.
La mondialisation n’est pas une dictature mais un système, un organisme plus encore qu’une organisation. Les coupables en sont d’abord des boucs émissaires. Tel un trou noir, cet organisme se nourrit des reproches qu’on lui fait - à la manière dont l’économie du livre se nourrit des ouvrages qui contestent la loi du marc