«Nous voulons savoir ce qui a pu mener mon mari à ce geste. Nous avons besoin de connaître la vérité.» Accompagnée de son fils, Raphaël, Hélène Louvradoux, l'épouse de Rémy, le salarié de France Télécom qui s'est immolé par le feu en avril à Mérignac, en Gironde, (Libération du 27 avril), a annoncé hier qu'elle venait de déposer plainte contre l'entreprise qui employait son mari. Une plainte avec constitution de partie civile pour «mise en danger de la vie d'autrui» et «homicide involontaire».
Emue mais déterminée, elle a exposé comment elle a découvert, après son suicide, la détresse de son mari à France Télécom. Bien sûr, Rémy Louvradoux évoquait en famille son travail et les difficultés qu'il rencontrait. Mais il restait en surface pour ne pas accabler ses proches. «J'ai retrouvé des courriers qu'il avait adressés à France Télécom qui m'ont effaré, rapporte Hélène Louvradoux. La direction aurait dû se poser des questions sur sa santé.»
Tout au long de sa carrière chaotique, il a en effet informé sa hiérarchie des difficultés qu'il rencontrait. A chaque fois qu'une promotion lui était refusée, il a cherché à comprendre. Des dizaines de notes, de mails et même de lettres formelles avec accusés de réception en attestent. En 2009, il avait rédigé une «lettre ouverte à (son) employeur» dans laquelle il écrivait «le suicide reste la seule solution» et évoquait sa «mise à la poubelle». Mais jamais l'entreprise ne lui a fourni l