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Libération
EDITORIAL

Trajectoire

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publié le 17 décembre 2011 à 0h00

Les Français l’ont bien compris : davantage que le cynisme des agences de notation, c’est la récession à venir qui menace leur quotidien. Dans un pays déjà sévèrement abîmé par près de quatre décennies de chômage de masse, l’arrêt brutal de la croissance va rejeter dans l’exclusion sociale des dizaines de milliers de salariés. Jamais une élection présidentielle ne s’est encore déroulée dans un climat d’une telle gravité. Est-ce le ressentiment qui gouvernera le suffrage universel en avril prochain ? On peut le redouter, tant le règne foutraque de Nicolas Sarkozy a déstabilisé jusqu’à ses propres électeurs.

En 2007, le candidat de l’UMP avait réussi à capter avec habileté une part non négligeable des partisans du Front national.

Cinq ans plus tard, l’extrême droite n’a jamais été aussi puissante et dangereuse. L’abstention triomphe chez les ouvriers. Le vent mauvais du populisme pourrit déjà les débuts de la campagne. Le sentiment - tout à fait réel - que seuls les plus riches ont finalement profité de ce quinquennat a alimenté l’inquiétude et la colère.

Cet état d’urgence sociale complique singulièrement la tâche du candidat sortant, mais il impose aussi à la gauche de nouvelles exigences si elle veut se donner une chance de l’emporter : rendre crédible un changement radical de trajectoire, renouer enfin avec les classes populaires, combattre le découragement social. Son flou doctrinal, tout comme les incertitudes d’un programme à rebâtir, suffisent à démontrer l’ampleur de la