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Libération
Reportage

Fralib, miser sur la qualité

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publié le 23 décembre 2011 à 0h00

Dans l’usine déserte, Yves Baroni montre une tête de mort sur un bidon. Salarié de Fralib à Gémenos (Bouches-du-Rhône), il se souvient qu’à son embauche, en 1997, l’aromatisation des thés était naturelle. L’entrepôt débordait de verveine, de tilleul, de concentrés de citron, vanille et cannelle… Le travail était précis, exigeant. L’entreprise était encore autonome dans ses approvisionnements, sa commercialisation. Puis Fralib a vu arriver les arômes de synthèse. Et une partie des activités a été externalisée par l’actionnaire, Unilever, qui a transformé Fralib en simple conditionneur, lui a retiré tout ce qui était rentable.

Cassés. Le chiffre d'affaires a chuté de 286 millions d'euros en 1999 à 23 millions en 2010. Et, en septembre 2010, Unilever a annoncé qu'il délocalisait l'activité en Belgique et en Pologne, pour augmenter la rentabilité. Les salariés avaient le choix. Rester et chercher un emploi dans un bassin sinistré, ou répondre à des propositions de reclassement, parfois en Pologne, à 420 euros par mois pour les ouvriers. Yves a refusé. Depuis, il se bat pour rester à Gémenos, avec Fralib, mais sans Unilever. Les autres salariés veulent créer une coopérative, reprendre la marque en misant sur une qualité retrouvée. Permettre l'existence d'une entreprise indépendante, souveraine, dont les emplois ne dépendraient plus d'un lointain actionnaire. Les deux plans de sauvegarde de l'emploi d'Unilever, préalable pour arrêter l'activité qui mobilisait encor