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Libération

«On se fait engueuler toute la journée»

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Mal payés, déconsidérés et constamment surveillés, les sous-traitants font de cette lutte une question de dignité.
par Elsa Sabado
publié le 23 décembre 2011 à 0h00

«Pour Noël, on est prêts… C'est la galette des rois qui passera à l'as. La machine est lancée, on ne peut pas s'arrêter. C'est 200 euros ou rien», affirme Angélique, déterminée. Pour la reconnaissance de leur profession ; pour la dignité. En grève depuis sept jours, le cahier de doléances des agents de sûreté de Roissy, toutes entreprises confondues, ne cesse de s'emplir. En cause, leur salaire : 1 300 euros nets en moyenne pour un temps plein et, surtout, le manque de considération qu'il symbolise. Premier grief, l'humiliation permanente par les différents «contrôleurs» : superviseurs, Aéroports de Paris (ADP), Direction générale de l'aviation civile, police… Eric, délégué de SUD aérien s'insurge : «Nos employeurs ont une soumission canine vis-à-vis d'ADP. Ils acceptent tout et n'importe quoi pour garder le marché de la sécurité aéroportuaire, quelles que soient les conséquences sur notre travail.»

Suivent les problèmes d'horaires décalés pour les parents et les attestations maladies jamais envoyées par l'employeur à la Sécu pour dissuader les arrêts de travail. Une grande partie des agents de sûreté vient de l'Oise, de l'Aisne, à une heure de route. En arrivant à l'aéroport, ils se garent sur un parking gratuit mais éloigné (car toute place payante occupée par un sous-traitant est un manque à gagner pour ADP), puis doivent attendre la navette. «Si on retranche le coût du transport, certains d'entre nous ne sont même pas smicards», explique Flora.