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Libération
Enquête

A la Socgen, le trader qui en disait trop

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Après avoir alerté sa hiérarchie sur des manquements déontologiques, Ghislain Le Mintier a été licencié en mai.
Devant le siège de la Société générale à La Défense, près de Paris. (Reuters)
publié le 24 décembre 2011 à 0h00

«En seize ans de salle de marché à la Société générale, je n'ai jamais vu une telle situation, totalement délirante, surtout au vu de la communication de la banque sur les valeurs d'éthique, de rigueur et de professionnalisme.» En adressant ce mail à Michel Péretié, patron de la branche trading et investissement de la Société générale (SGCIB), Ghislain Le Mintier, alias «GLM», signe son arrêt de mort en avril. Un mois plus tard, ce trader est licencié pour insuffisance professionnelle. Le parquet venant de classer sa plainte sans même prendre le temps de l'examiner, il s'en remet aujourd'hui aux prud'hommes. Polytechnicien, 43 ans, GLM est l'un de ces mathématiciens happés par la haute finance. Sa spécialité, les options de taux, est ultrapointue et nécessite des équations différentielles tellement complexes que les matheux doivent appeler des physiciens à la rescousse. Généralement, la hiérarchie n'y comprend goutte et se contente d'encaisser : GLM et son équipe pesaient 135 millions d'euros par an.

Arrêt maladie. Au printemps 2008, il décide de prendre une année sabbatique. L'ambiance à la Société générale est alors plombée par l'affaire Jérôme Kerviel, entraînant une valse perpétuelle des organigrammes. Pendant ses congés, son modèle mathématique, qui avait bien fonctionné durant cinq ans, connaît ses premiers ratés. En cause, la faillite de Lehman Brothers, qui entraîne fin 2008 - le diable sait pourquoi - une extrême volatilité des taux d'intérê