Un an après son élection présidentielle, François Mitterrand l’a chargée (jusqu’en 1990) de suivre pour l’Elysée des dossiers sur l’Europe. Ministre des Affaires européennes (1990-1993), Elisabeth Guigou a été témoin des négociations qui ont précédé la naissance de l’euro.
Quels ont été les moments forts de ces années de négociations ?
Dès le milieu des années 80, la politique européenne est devenue la principale préoccupation de Mitterrand. Je me souviens de cette rencontre entre lui et le chancelier Helmut Kohl en 1988. Nous sommes à Evian. Mitterrand lui dit : «Je suis prêt à accepter la libéralisation des mouvements de capitaux, mais à deux conditions. Il nous faut une monnaie unique et une harmonisation fiscale sur l'épargne.» Kohl accepte. Aussitôt, Mitterrand demande à Jacques Delors de faire un rapport sur la création d'une monnaie unique.
Vous aviez la marche à suivre ?
Nous avions, grâce au rapport Delors, une feuille de route qui traçait les grandes lignes. L’un des autres temps forts se joue lors d’un Conseil européen, en 1989. Mitterrand exige une date pour l’ouverture de véritables négociations sur la monnaie unique.
C’est une surprise ?
Oui. Kohl ne dit rien. Tout le monde sait qu'il subit des pressions de la Banque centrale allemande ou de son ministre des Finances, Theo Waigel. La tension était forte. Mitterrand lui rappelle alors ses engagements pris un an plus tôt à Evian. Kohl accepte. Mais, parallèlement, Kohl dit à Mitterrand :«Si on va vers la monnaie unique, il faut aller vers une union politique.». Mais, en décembre 1991 à Maastricht, nous adoptons s