Directeur de recherche de l’Association pour l’union monétaire à Paris entre 1989 et 1999, puis directeur général de la section Europe au ministère des Finances à Berlin au début du premier gouvernement Schröder, Stefan Collignon enseigne, depuis 2001, l’économie à Londres (London School of Economics and Political Science), Harvard et Pise (Sant’Anna School of Advanced Studies).
Quel rôle avez-vous joué dans la naissance de l’euro ?
J’ai été pendant dix ans, de 1989 à 1999, directeur de recherche de l’Association pour l’union monétaire, fondée par Helmut Schmidt et Valéry Giscard d’Estaing, qui réunissait les grandes entreprises qui voulaient l’euro. Puis, en 1999, je suis devenu le directeur général de la section européenne du ministère des Finances à Berlin…
Les Allemands avaient dès le début la réputation d’être eurosceptiques…
Oui et non. Il y avait d’un côté les leaders politiques, qui comprenaient qu’il était dans l’intérêt de l’Allemagne de rejoindre l’euro et étaient conscients du fait que le Deutsche Mark était trop petit pour jouer le rôle d’une monnaie de réserve internationale. Ils avaient compris que le pays avait besoin de faire partie d’une Europe forte. Cette position était soutenue par le chancelier Kohl. Et puis de l’autre, il y avait l’opinion publique, moins éduquée, pour qui le Deutsche Mark était le symbole du renouveau économique et démocratique de l’Allemagne après la guerre. Entre ces deux extrêmes, il y avait la Bundesbank, qui craignait de perdre son pouvoir et a joué avec les pressions populistes, tout en manifestant sa volonté d’être loyale avec le gouvernement allemand…
En dix ans, les choses ont peu changé !
Il