Sous-directeur au Trésor de 1991 à 1996, Pierre Duquesne a négocié pour la France, sous l’autorité de Jean-Claude Trichet, la mise en place de la monnaie unique. Aujourd’hui ambassadeur chargé des questions économiques de reconstruction et de développement, il s’exprime à titre personnel.
Que vous inspirent les doutes actuels sur la pérennité de l’euro ?
Rien n’a vraiment changé. Quand, le 10 décembre 1991, le traité de Maastricht a été conclu, nous étions une vingtaine par pays à croire que la monnaie unique verrait le jour. A l’époque, et même quelques années plus tard, le FMI et la plupart des économistes américains étaient convaincus que l’euro était au mieux inutile et au pire pervers.
Difficile de créer une nouvelle monnaie ?
Très. A cause des abandons de souveraineté bien sûr, mais aussi des représentations de la monnaie. Notre première tentative pour concrétiser le projet a même failli tourner à la crise diplomatique. En avril 1995, lors d’un Ecofin informel à Versailles, j’avais ainsi suggéré au ministre des Finances, Edmond Alphandéry, que le design des futures pièces européennes soit mis à l’ordre du jour. Avec son accord, j’avais fait frapper par la Monnaie de Paris un set de jetons représentant les pièces telles qu’on se les imaginait. Fureur des Allemands, ulcérés qu’on discute design alors même que personne, selon eux, ne croyait encore à la monnaie unique. Malgré tout, la discussion a commencé. Et là, première empoignade : fallait-il ou nous une face nationale sur les pièces en euro ? Les banquiers centraux étaient contre, parce qu’ils avaient déjà prévu des billets t