Excédés, ils doivent se retrouver aujourd'hui à 14 heures, dans la salle du Minck, à Calais. Une réunion pour constituer un collectif et faire entendre «une autre voix». Ils, ce sont des salariés non-syndiqués de SeaFrance, compagnie de ferries transmanche en voie de liquidation(lire ci-contre). Et qui refusent le projet de reprise en Scop (société coopérative et participative) porté par la CFDT de l'entreprise.
Même si ces opposants jurent que «ce n'est pas un combat contre le syndicat», c'est bien la CFDT maritime Nord, ultramajoritaire dans l'entreprise, qui pose aujourd'hui problème. Intimidation, violence, cogestion avec la direction, comptes opaques du CE, soupçons d'irrégularités : selon notre enquête, le syndicat maison, visé par plusieurs enquêtes judiciaires, semble avoir dérivé, depuis des années, vers des pratiques très éloignées du syndicalisme traditionnel… Au point que la direction nationale de la CFDT à Paris, depuis longtemps en guerre contre eux, a décidé hier de les lâcher (voir la vidéo). Face aux «soupçons sur des pratiques obscures et frauduleuses des responsables CFDT de SeaFrance, écrit la confédération, et si les propos de la presse étaient confirmés par l'enquête judiciaire, la CFDT prendrait les décisions qui s'imposent en termes d'exclusion du syndicat concerné et de ses responsables». Récit d'une dérive syndicale, qui mine l'entreprise depuis plusieurs années.
Une cogestion contestable
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