La CFDT de SeaFrance a sans doute joué son ultime coup de poker. La branche locale du syndicat, majoritaire sur les navires de la compagnie calaisienne, a finalement remis vendredi soir une offre de reprise en Scop (coopérative ouvrière) «complétée» au tribunal de commerce de Paris. Mais son projet semble désormais totalement hors-jeu. Car c'est moins l'absence de financement du projet - dont les besoins sont évalués à 50 millions d'euros - qui pose désormais problème, que l'image de la CFDT locale. Désavoué par sa confédération, le syndicat est complètement discrédité par les pratiques douteuses de ses dirigeants, qui intéressent le fisc et la justice (lire Libération de vendredi et ci-contre).
«Dialogue». La solution CFDT quasiment «out», les salariés non encartés font désormais entendre leur voix pour remettre en selle la solution présentée par Louis Dreyfus Armateurs (LDA) et le danois DFDS,mais torpillée jusqu'ici par le syndicat maison :«Nous souhaiterions pouvoir renouer le dialogue avec eux,a lancé Caroline Hayart, porte-parole d'un collectif qui s'est réuni vendredi à Calais. S'il y a un jour où il faut agir, c'est aujourd'hui !» Les voix sont frêles : Caroline Hayart, Laurence Le Gonidec et Françoise Monfregola n'ont pas l'habitude. Mais elles sont déterminées. En face des trois femmes, ils étaient une centaine, navigants et sédentaires, ce vendredi à la salle des fêtes du Minck, à deux pas du port, où les ferries SeaFranc