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Interview

«Une dégradation totalement injustifiée»

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La crise et ses dégâtsdossier
Associé d'Anthera Partners et spécialiste des agences de notation, l'économiste Frédéric Bonnevay analyse la dégradation de la note française.
publié le 13 janvier 2012 à 17h13

Comment jugez-vous cette dégradation de la note française?

Elle me semble totalement injustifiée. Que note-t-on au juste ? S'il s'agit de la capacité de la France à honorer sa dette — fonction normale de la note — le pays est irréprochable sur ce plan. S'il s'agit des fondamentaux économiques, de la capacité à résorber les déficits publics, la situation est toute autre. Il y a là une confusion entretenue par Standard & Poor's.

Comment comprenez-vous le délai d'un mois entre surveillance négative et dégradation ?

Si l'agence n'a pas appuyé immédiatement sur la gachette, c'est pour laisser au gouvernement le temps de préparer l'opinion à cette annonce, et aux marché de l'assimiler. Beaucoup de politiques, comme le commissaire européen Michel Barnier, ont dénoncé le rôle démesuré attribué aux notes souveraines. Les agences peuvent craindre d'être, en retour, surréglementées. Elles tachent dont de se montrer, dans une certaine mesure, complaisantes avec leurs «victimes» en leur donnant un peu plus de temps. Pour ma part, je m'attendais à ce que la dégradation n'intervienne qu'en février, le temps pour l'Europe d'avancer sur son projet de nouveau traité.

Quelles seront les conséquences de cette décision de S&P ?

Il est très probable que les conditions de financement de la France se dégraderont, avec une augmentation des taux d'intérêts. Cela renchérira le coût de financement de la dette de plusieurs dizaines de milliards d'euro,