Depuis avril 2010, Isabelle Le Rouzic, 42 ans, docteure en sociologie (bac+8) vit du RSA, fait attention au moindre de ses achats, doit justifier de ses factures auprès d'assistantes sociales. Ce qui ne l'empêche pas de continuer à lire, écrire, assister à des colloques à Paris - où elle se rend de Rennes en covoiturage - et à scruter sur le Web petites annonces et appels à projets de recherche. «Depuis 2008, les offres se sont faites beaucoup plus rares, raconte-t-elle. En raison de choix politiques et de restrictions budgétaires, il n'y a plus eu d'argent pour la recherche. J'arrive aussi à un âge critique où le salaire auquel je peux prétendre peut être un frein. Mais j'ai toujours la conviction que je finirai un jour par vivre de mon travail.»
Les perspectives professionnelles semblaient pourtant prometteuses pour cette ancienne étudiante de l’université Rennes-2, partie quatre ans à Prague étudier l’impact des changements politiques sur les Roms et les SDF en République tchèque. De retour en France, elle alterne périodes de chômage et contrats de quelques mois pour divers organismes. Ironie de l’histoire, le plus important, qui s’étalera sur deux ans, porte sur «l’accompagnement des demandeurs d’emploi», avant qu’elle n’enchaîne sur le bilan d’un plan de reclassement des ouvriers d’une usine lavalloise fabriquant de la toile de matelas délocalisée au Portugal.
«Quand Martin Hirsch était ministre, il y a eu des projets de recherche très intéressants