C’est une forteresse qui cultive le secret et fuit toute forme d’exposition médiatique. Un Etat dans l’Etat dont le pouvoir est aussi étendu qu’il reste soigneusement caché, à l’abri des regards. Bercy, qui pour la plupart des Français est synonyme d’impôts, demeure une grande inconnue de la République. C’est pourtant ici, dans ses 42 kilomètres de couloirs informels de béton dans l’est de la capitale, que quelques centaines de hauts fonctionnaires sortis de l’ENA ou X font la politique économique de la France, souvent à l’insu ou en dépit des ministres qui les chapeautent.
Librement inspiré de l'ouvrage Bercy, au cœur du pouvoir, Enquête sur le ministère des Finances (Denoël, 2011), ce subtil documentaire apportera quelques éléments de réponse à ceux qui s'interrogent sur l'autonomie d'action des politiques au XXIe siècle. Plutôt que l'adage «les politiques décident, l'administration exécute, la très feutrée technostructure de Bercy préfère «les politiques passent, l'administration reste». Ce film en est une magistrale illustration. Ses auteurs ont interrogé plusieurs de ses anciens ministres-vacataires qui racontent la toute-puissance toute en constance de cette administration. Avec Christine Lagarde, on comprend que les premiers pas sont ici un bizutage - «Je n'étais pas du sérail, il y avait un certain scepticisme sur ma longévité», dit-elle - et que toute proposition «iconoclaste», c'est-à-dire n'émanant pas de la d