Henri Sterdyniak est économiste à l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE). Il vient de publier, avec d'autres membres du collectif Les économistes atterrés, Changer d'économie (éditions Les liens qui libèrent).
Comment réagissez-vous à cette perte du triple A par la France ?
Cette dégradation marque surtout la faillite des prétendues politiques de sortie de crise mises en œuvre depuis plus de deux ans, non seulement en France, mais aussi dans les autres pays européens. L’idée que l’on puisse rassurer les marchés financiers avec des politiques d’austérité généralisées, sans le moindre mécanisme de solidarité fort et incontestable, est absurde. Cette stratégie plonge la zone euro dans la récession.
Du coup, pas un seul pays ne parvient à atteindre les objectifs de réduction des déficits publics. Et puisque les dettes publiques sont réputées plus fragiles, ce sont les banques qui les détiennent qui vont être fragilisées à leur tour. Aujourd’hui comme hier, les marchés sont persuadés que les instances européennes sont incapables de prendre des mesures fortes. Nous ne sommes donc pas à l’abri de nouveaux coups de boutoir de la spéculation…
C’est-à-dire ?
Des fonds de placement ont perdu des sommes astronomiques sur les dettes publiques de la Grèce, de l’Irlande ou du Portugal. En fait, la valeur des obligations publiques détenues par ces fonds évolue dans le sens inverse de celui des taux obligataires. Bref, si le taux d’une émission obligataire italienne s’envole aujourd’hui, ce sont toutes les obligations italiennes émises par le