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Libération
Interview

«Il faut sortir de la primauté de l’actionnaire»

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Jean-Louis Beffa, ex-patron de Saint-Gobain, dénonce la dictature du profit à court terme et prône la concertation :
publié le 18 janvier 2012 à 0h00

Longtemps patron de Saint-Gobain, dont il reste président d'honneur, Jean-Louis Beffa ne manque pas d'idées pour réindustrialiser le pays et y améliorer les relations sociales. Il les expose dans La France doit choisir (Seuil), un essai dans lequel il s'en prend au capitalisme «court-termiste» et propose une inédite cogestion à la française.

Comment jugez-vous le «sommet social» d’aujourd’hui?

C’est la configuration classique. Les syndicats ne peuvent accepter des choses que s’ils perçoivent des contreparties concrètes, en l’occurrence des emplois et le sentiment de peser dans les débats. C’est une des bases du modèle «commercial industriel» que je défends et qu’incarne l’Allemagne en Europe.

Impossible en France?

Cela demande au préalable de sortir du modèle libéral-financier pour lequel a opté la France au début des années 1990 et qui repose sur la primauté de l’actionnaire. Il faut développer l’actionnariat salarié et faire rentrer les syndicats dans les conseils d’administration qui doivent devenir le lieu central de la confrontation des points de vue. La présence obligatoire d’au moins trois salariés, dont un cadre, dans les CA des grandes entreprises, en particulier celles du CAC 40, est nécessaire.

Qu’est-ce que cette «cogestion» peut apporter à la France?

Une vision commune. La définition des objectifs de chaque entreprise doit devenir plus consensuelle. Cela permettra d’améliorer leur action avec un actionnariat