L'économiste amateur y perd son latin. Depuis le temps qu'on lui annonçait la perte prochaine du triple A français, il s'était fait à l'idée : moins bien notée, la France inspirerait moins confiance aux investisseurs, et devrait donc s'acquitter de taux d'intérêt plus élevés pour emprunter sur les marchés. Mais, moins d'une semaine après la dégradation, Paris a déjà réalisé plusieurs émissions de dette à des taux... en baisse.
Dès lundi, l'Agence France Trésor levait plus de 8,5 milliards d'euros à court terme, à des taux légèrement inférieurs à ceux dont elle s'acquittait début janvier. La tendance est encore plus nette ce jeudi, où 9,5 milliards d'euros ont été empruntés sur les marchés.
Pour cette dernière émission, la demande de bons français s'est révélée deux à trois fois supérieure à l'offre. Et les taux, encore une fois, largement inférieurs à ceux de la dernière émission. Pour les bons arrivant à échéance en juillet 2015, par exemple, ils sont de 1,51%, contre 2,44% en novembre dernier. Comme si les marchés faisaient fi de la perte du triple A.
Une note qui reste solide
La situation confirme que les investisseurs avaient anticipé la décision de Standard & Poor's, et n'ont donc pas surréagi à l'annonce de l'agence, le vendredi 13 janvier. En réalité, la dégradation virtuelle de la France a eu lieu il y a belle lurette. Peut-être dès l'été 2011, moment à partir duquel l'écart a commencé à croître entre les taux français et allemands, jusqu'à devenir abyssal en novembre. Les deux pays disposent p