Tout est encore en place, comme si l’activité s’était juste interrompue pour la pause déjeuner. Les bobines de fil sur les machines à coudre, les boîtes dans lesquelles des soutiens-gorge à différents stades de fabrication sont empilés. Dans les bureaux aussi, rien n’a bougé. Ni les ordinateurs ni les dossiers. De ce hangar pas très sexy, les ouvrières de l’usine Lejaby d’Yssingeaux (Haute-Loire), ont fait un lieu chaleureux. Il y a des plantes vertes, un réfrigérateur, un évier sur lequel sèchent des tasses. Et des affiches de mannequins portant des soutiens-gorge Lejaby.
D’ici un mois, tout aura disparu. Le 22 décembre, la société a été mise en liquidation. Mercredi, le tribunal de commerce de Lyon a choisi comme repreneur Alain Prost, ex-PDG de l’italien La Perla, associé au sous-traitant de Lejaby en Tunisie. Celui-ci a annoncé qu’il conserverait un seul site, celui de Rillieux (Rhône), siège de la société. L’usine d’Yssingeaux sera fermée. Et ses 93 salariés - dont 90 femmes - licenciés.
En avril 2010, les ouvrières auvergnates avaient senti le vent du boulet. Les sites de Bourg-en-Bresse, Bellegarde-sur-Valserine (Ain) et Le Teil (Ardèche) ayant fermé. «On nous avait dit : "A Yssingeaux, vous ne risquez rien, vous êtes l'usine pilote"», ironise l'une d'elles. Cinq mois plus tard, des rumeurs sur l'état de santé du groupe commencent à circuler. Le 27 octobre, l'entreprise est placée en redressement judiciaire. «Un coup de tonnerre», confie une salariée.