Dominique Plihon est professeur d’économie à l’université Paris-XIII. Il est l’un des fondateurs du mouvement des Economistes atterrés, qui comptent près de 2 000 membres.
Comment réagissez-vous lorsque François Hollande déclare que son «véritable adversaire, c’est le monde de la finance» ?
Sur le principe, je suis d’accord. Depuis trente ans, le capitalisme financiarisé a profondément modifié le système bancaire et financier de la France comme de l’ensemble des pays développés. Plus personne ne peut ignorer ses dérives qui se traduisent par des crises qui n’en finissent pas de se succéder. Il est temps d’adopter des réformes radicales.
La proposition de séparer banque d’investissement et banque de dépôt va-t-elle dans ce sens?
Attention, de nombreuses propositions ont déjà été faites, notamment lors du G20 de Londres, en avril 2009. Qu'a-t-on fait depuis ? Rien de radical. Ceci étant, si le candidat Hollande compte instaurer une nouvelle organisation du crédit, alors banco ! Mais encore faudrait-il en savoir plus sur ses intentions. En clair, va-t-on recentrer les banques sur leur métier de base, qui consistait à fournir des crédits aux entreprises et aux ménages. Pour l'instant, la réalité est simple : les banques restent très grandes, elles continuent à faire beaucoup de finance de marché, via des opérations boursières hautement spéculatives. Elles profitent à plein des marchés dérivés et de la titrisation, qui consiste à transformer des crédits bancaires en titres négociables sur les marchés financiers. Au total, les banques remplissent de moins en moins leurs deux fonctions principales : financer l'économie et contrôler les risques. Et c'est, en partie, la titrisation qui