Ses talons hauts ont fait le tour du monde, mais sa parole est rare. Christian Louboutin revient pour Libération sur ses démêlés avec le géant du luxe PPR, accusé d'avoir plagié sa fameuse semelle rouge.
Quelles sont les raisons qui vous ont conduit à attaquer en justice le groupe PPR et sa filiale Yves Saint Laurent (YSL) ?
J'ai commencé dans ce métier en lançant il y a vingt ans une marque dont l'identité est très précise, que les femmes connaissent bien et dont la signature est la semelle rouge, brevet déposé et enregistré en Amérique et en Europe. Or, la marque Yves Saint Laurent a mis en vente un soulier avec cette semelle rouge dans des magasins de New York. Je suis allé voir François-Henri Pinault, le PDG du groupe PPR, propriétaire de la marque Saint Laurent. Je le connais très bien. Je lui ai dit qu'il y avait un problème, que je n'étais pas un homme de conflit, que je n'avais pas l'intention d'aller au procès, mais que ma semelle était protégée et que je ne pouvais pas me permettre de la laisser imiter. C'était en février 2011. Il n'était pas au courant. Il a regardé la semelle rouge et a semblé reconnaître le problème. Il m'a dit : «Mais cette semelle doit être déposée.» Je lui ai dit que oui, bien sûr, elle l'était, et que c'était pour cela que je ne pouvais ignorer cette imitation, en lui demandant de faire arrêter cela.
Je pensais que le propriétaire du groupe avait quand même le pouvoir d’arranger les choses facilement. Il est revenu plus tard dans l’hiver avec un représentant de la société Saint Laurent, qui m’a expliqué que cette chaussure faisait partie d’une sé