Après le discours du Bourget et la publication des soixante engagements pour la France, l’économie politique peut-elle tirer au clair les processus dont découle le caractère étrange et méconnaissable du rêve français de François Hollande et en inférer la nature des forces économiques et sociales de l’action conjointe ou antagoniste desquelles le rêve français procède ? C’est au moins depuis le «tournant de la rigueur» de 1983 que le Parti socialiste est à la recherche d’une nouvelle base sociale.
Le choix d’abandonner une politique de relance contre le chômage au profit de la «désinflation compétitive» ne fut pas seulement l’expression de la contrainte extérieure ou la volonté de «rester dans l’Europe». Ce fut un choix politique privilégiant les attentes des classes moyennes et supérieures au détriment de celles des classes populaires, choix qui impliquait à terme de modifier la base sociale de la «gauche de gouvernement» et de repenser les alliances politiques du PS, pour qui cette recherche a été une source de difficultés récurrentes depuis lors.
Il est devenu plus difficile de trouver une médiation entre les attentes des classes populaires et celles d’une sorte de classe moyenne qualifiée qui forme l’électorat naturel du Parti socialiste : politique salariale, législation protectrice des travailleurs, droits sociaux, privatisations, périmètre du secteur public, redistribution, protection des industries nationales et surtout intégration européenne. Autant de sujets sur lesqu