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Analyse

Amiante : l’attente énorme d’un procès hors norme

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Les familles de 3 000 victimes seront fixées aujourd’hui sur le sort de deux ex-dirigeants d’Eternit Italie accusés de contaminations sur quatre sites.
Des veuves de victimes de l'amiante lors d'une manifestation organisée par l'association Andeva, le 11 octobre 2008 à Paris. (Photo Mehdi Fedouach. AFP)
publié le 13 février 2012 à 0h00

Trente années de lutte, cinq d'enquête, deux de procédure, 220 000 pages d'acte d'accusation, 6 000 parties civiles, des magistrats sous escorte policière, 66 audiences, des centaines de témoins… Le «procès du siècle», comme l'appelle le quotidien italien la Repubblica, une procédure pénale gigantesque, à la mesure de la catastrophe industrielle de l'amiante, cette fibre minérale qui aura causé 500 000 morts d'ici à 2025 en Europe, touche à sa fin. Le verdict, tant attendu par les victimes de la poussière mortelle doit être rendu aujourd'hui à Turin.

Hécatombe. Vingt ans de prison ont été requis en juillet contre les deux ex-patrons d'Eternit, la multinationale helvético-belge qui fut le co-leader mondial de l'amiante-ciment (avec Saint-Gobain) : le milliardaire suisse, Stephan Schmidheiny, 65 ans, patron d'Eternit de 1972 à 1986, et le baron belge Jean-Louis Marie Ghislain de Cartier de Marchienne, 91 ans, ex-PDG de la filiale belge, actionnaire et administrateur d'Eternit Italie jusqu'au début des années 70. Tous deux doivent répondre de la mort de près de 3 000 personnes en Italie, anciens ouvriers ou habitants des villes de Casale Monferrato, Cavagnolo, Rubiera ou Bagnoli, où Eternit Italie avait ses usines. Mais en plus de deux ans de procès, ils ne se sont jamais présentés au tribunal de Turin où ils sont jugés par contumace. Ils sont accusés d'avoir volontairement négligé les règles de sécurité au travail, mais aussi d'avoir empoisonn