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Libération
Interview

«L’union monétaire n’est que le début de l’union politique»

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Benoît Cœuré, nouveau membre du directoire de la Banque centrale européenne, analyse la crise de l’euro.
par Jean Quatremer, BRUXELLES (UE), de notre correspondant
publié le 14 février 2012 à 0h00

Rendez-vous est donné dans un café étudiant, rue de Grenelle, près de Sciences-Po, où Benoît Cœuré donne cours. Jean-Claude Trichet, l'ancien président de la Banque centrale européenne (BCE), préférait donner rendez-vous à Francfort ou rue Saint-Honoré, à un jet de pierre de l'Elysée. Les temps changent. Benoît Cœuré, 42 ans, est, depuis le 1er janvier et pour huit ans, le nouveau Français du directoire de la BCE, l'organe de six membres qui dirige l'institut d'émission de Francfort. Ancien numéro 2 du Trésor à Paris, ce polytechnicien marque un renouvellement des générations au sein de la BCE, après la nomination de Jens Weidmann, 43 ans, à la tête de la Bundesbank. Il a accordé sa première interview à Libération.

La crise de la zone euro a débuté en décembre 2009. Deux ans plus tard, le problème grec n’est pas réglé. Pourquoi ?

On a sous-estimé au départ l’ampleur des problèmes de la Grèce et des réformes nécessaires qu’ils impliquaient tant en matière de politique économique qu’en matière de gouvernance du pays. Par exemple, alors que les fausses statistiques grecques sur l’ampleur du déficit public ont été le déclencheur de la crise, en octobre 2009, il a fallu du temps pour qu’Athènes se dote d’un institut statistique véritablement indépendant. La délibération politique en Grèce est manifestement très difficile, mais on ne peut s’y substituer.

Il y a deux ans, la zone euro excluait tout défaut de la Grèce. Aujourd’hui, une partie de sa dette publique va être restructurée. Pourquoi avoir tant attendu ?

Depuis le début de cette crise, on a tout fait pour éviter qu’un pays de la zone euro ne fasse défaut. Il n’y a d’ailleurs pas de défaut de la Grèce, mais une participation volontaire du secteur privé qui a accepté d’abandonner