Alors qu’un certain compromis avait semblé se dessiner, en 2007, dans la relation entre Nicolas Sarkozy et la CGT, Bernard Thibault est, cinq ans plus tard, l’un des plus fermes opposants au Président sortant. Et réclame son départ.
La dernière proposition du Président, un référendum sur les obligations des chômeurs, vous paraît-elle intéressante ?
C’est un gadget préélectoral, de la part d’un président qui, depuis plusieurs semaines, cherche par tous les moyens à faire parler de lui. Et cette fois-ci de façon d’autant plus contestable qu’il tente de détourner l’attention sur les véritables causes de la crise, en désignant, un peu facilement, des coupables - les chômeurs - à la vindicte populaire. Mais les demandeurs d’emplois, dont moins de la moitié sont aujourd’hui indemnisés, n’y sont pour rien si la formation professionnelle a donné lieu à des négociations limitées, restreignant, de fait, l’accès à ces dispositifs. De la même manière, le chef de l’Etat fait l’impasse sur les obligations qui, d’ores et déjà, leur incombent en termes d’acceptation d’offres d’emplois. Bref, cette démarche de consultation populaire, sur les chômeurs comme sur les immigrés, relève d’une philosophie politique qui emprunte beaucoup à celle du Front national.
C’est-à-dire ?
Désigner l’immigré et le chômeur comme les responsables de la dégradation sociale, voire le chômeur comme victime de l’immigration, est un discours qui résonne étrangement avec les propos de Marine Le Pen. C’est une manière un peu grossière d’échapper à la critique du système capitaliste. Pour nous, la vraie opposition est entre capital et travail, pas entr