Menu
Libération
TRIBUNE

La grippe grecque

Article réservé aux abonnés
La crise et ses dégâtsdossier
par Hervé Fischer, Ecrivain franco-canadien
publié le 17 février 2012 à 0h00

Même si nous pouvons reprocher aujourd’hui aux Grecs l’impunité fiscale dont ils ont abusé depuis des années avec la complicité de leurs gouvernements successifs, nous ne saurions nier pour autant que la loi d’airain de l’équilibre budgétaire et de la résorption de la dette publique qui leur est imposée ait pour effet immédiat une épidémie de chômage épouvantable, une réduction du salaire minimum, la chute généralisée de l’économie et du tourisme qui en est une part importante, et enfin un désenchantement difficilement tolérable. On se demande comment la cassure de l’économie ne va pas aggraver encore la gravité de la crise sociale. Que faire ?

L’Argentine, qui a connu une crise tout aussi grave au début de ce siècle, a refusé de se soumettre au FMI pour préserver ses citoyens directement menacés par la misère et retrouve aujourd’hui, dix ans plus tard, un taux de croissance de son PIB qui fait envie. L’inflation même, dont elle est encore atteinte, favorise ses exportations, notamment de soja. Le dilemme est donc de la plus grande importance. A l’époque, l’Argentine avait renoncé à une parité artificielle entre son peso et le dollar américain, qui avait contribué à la précipiter dans le gouffre. Et ce délestage ne l’a pas tuée, bien au contraire : elle a permis sa survie. Le problème de la Grèce est son arrimage à l’euro, qui l’oblige à se soumettre à la dictature des autres pays européens. Pour ceux-là, la crise financière est comme une grippe grecque, aussi mortelle et con