Voilà trente ans que la Chine aligne, de manière quasi continue, les taux de croissance à deux chiffres. Mais pour combien de temps encore ? D'après un rapport à paraître de la Banque mondiale, Pékin pourrait voir sa croissance chuter en l'absence de réformes économiques libérales.
Egalement confronté à une baisse de la demande mondiale, à une bulle immobilière et à des finances locales en péril, le «modèle chinois» est-il menacé ? Questions à Françoise Lemoine, spécialiste de l'économie chinoise au Cepii (Centre d'études prospectives et d'informations internationales).
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De l'avis général, il est probable que la croissance chinoise ralentira dans les prochaines décennies. Pour autant, le pays continuera à rattraper les économies occidentales, car cette croissance reste supérieure à la leur. Certes, il y a une autre thèse, dite du «middle income trap», le «piège des revenus intermédiaires» : on a constaté qu'il est plus facile de passer du statut de pays pauvre à celui de pays intermédiaire, que de ce dernier à celui de pays développé. Le Brésil des années 80 a ainsi vu sa croissance stagner, comme d'autres pays d'Asie du sud-est. Car, à partir d'un certain seuil, les gains de productivité sont plus difficiles à atteindre. Dans le cas chinois, néanmoins, il me semble que ce seuil n'est pas encore atteint. Il devrait plutôt se présenter d'ici dix ou vingt ans.
La libéralisation de l'économie que semble prôner le