C’est une belle gaffe d’Air France. Selon nos informations, la compagnie nationale, contrôlée à 15% par l’Etat, a signé la semaine dernière avec le Syndicat national des pilotes de ligne (SNPL) un accord qui torpille en partie la loi sur le service garanti dans le transport aérien, qui doit être votée définitivement par l’Assemblée demain. La décision d’Air France est d’autant plus surprenante que la grève de quatre jours, menée début février par l’ensemble des personnels du secteur pour obtenir le retrait du texte, avait échoué. D’où la colère du gouvernement contre Air France et ses pilotes.
La proposition de loi du député UMP Eric Diard prévoit d’obliger les grévistes à se déclarer quarante-huit heures à l’avance. Avec deux objectifs. Tout d’abord, permettre aux compagnies de prévoir le trafic et d’en informer les passagers vingt-quatre heures à l’avance. Ensuite, minimiser les perturbations, en mobilisant les personnels non grévistes pour assurer les vols les plus chargés, en particulier aux heures de pointe. Une technique pratiquée avec succès à la SNCF, où la même loi est déjà en vigueur depuis 2008.
C'est ce second objectif que cet accord va mettre à mal. Ce document, que Libération s'est procuré, prévoit que «le planning du personnel navigant technique [les pilotes, NDLR] est stable […] en toutes circonstances et en toutes périodes, et ce sans exception». En clair, Air France s'interdit de réaffecter comme elle l'entend les pilotes non grévis