Que savent les Lejaby de leurs homologues tunisiennes ? «Rien», répond Nicole Mendez, déléguée CFDT au siège de Lejaby à Rillieux-La-Pape (Rhône). «Combien sont-elles ? Combien d'heures font-elles par semaine ? Est-ce qu'elles travaillent à la journée, est-ce qu'elles sont titulaires ? Combien touchent-elles ?» aimerait savoir Bernadette Pessemesse, syndicaliste CGT du site d'Yssingeaux (Haute-Loire), licenciée comme ses 92 camarades. Après la faillite de la marque de lingerie en décembre, la dernière usine française a été fermée et sa production transférée chez Isalys, en Tunisie. Une vraie-fausse délocalisation. Car ce sous-traitant assurait déjà 83% de la fabrication des dessous chics siglés Lejaby. Libération s'est rendu sur place pour tenter de répondre aux questions que se posent les ouvrières françaises d'Yssingeaux…
«Rien à cacher». Entre un terrain vague, une zone résidentielle et une grappe d'usines, Isalys a élu domicile dans la périphérie de Sfax, deuxième ville de Tunisie et capitale de la lingerie. C'est Michel Desmurs, patron d'Isalys et ancien de Lejaby, qui est à l'initiative du plan de reprise de la production. «Je ne voulais pas laisser partir une société avec laquelle j'avais travaillé toute ma vie», explique-t-il. Ajoutant pour se défendre de voler le travail des Lejaby : «Je suis partisan du produire français, mais c'est irrationnel, sauf pour des produits à très haute val