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Libération
Reportage

Lejaby : les petites mains de Tunisie

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Visite dans les ateliers de Sfax où la totalité de la production de la marque de lingerie est désormais délocalisée après sa liquidation judiciaire en décembre.
L'atelier Isalys de Sfax, en février. Lejaby représente 20% du chiffre d'affaires de l'usine. Les ouvrières y travaillent pour 180 euros par mois. (Photo Nicolas Fauque)
publié le 6 mars 2012 à 0h00

Que savent les Lejaby de leurs homologues tunisiennes ? «Rien», répond Nicole Mendez, déléguée CFDT au siège de Lejaby à Rillieux-La-Pape (Rhône). «Combien sont-elles ? Combien d'heures font-elles par semaine ? Est-ce qu'elles travaillent à la journée, est-ce qu'elles sont titulaires ? Combien touchent-elles ?» aimerait savoir Bernadette Pessemesse, syndicaliste CGT du site d'Yssingeaux (Haute-Loire), licenciée comme ses 92 camarades. Après la faillite de la marque de lingerie en décembre, la dernière usine française a été fermée et sa production transférée chez Isalys, en Tunisie. Une vraie-fausse délocalisation. Car ce sous-traitant assurait déjà 83% de la fabrication des dessous chics siglés Lejaby. Libération s'est rendu sur place pour tenter de répondre aux questions que se posent les ouvrières françaises d'Yssingeaux…

«Rien à cacher». Entre un terrain vague, une zone résidentielle et une grappe d'usines, Isalys a élu domicile dans la périphérie de Sfax, deuxième ville de Tunisie et capitale de la lingerie. C'est Michel Desmurs, patron d'Isalys et ancien de Lejaby, qui est à l'initiative du plan de reprise de la production. «Je ne voulais pas laisser partir une société avec laquelle j'avais travaillé toute ma vie», explique-t-il. Ajoutant pour se défendre de voler le travail des Lejaby : «Je suis partisan du produire français, mais c'est irrationnel, sauf pour des produits à très haute val