Anuar et Tatyana, lui libanais, elle bulgare, ont levé les bras au ciel : leur banque, la BBVA, vient d'éponger d'un coup les 269 000 euros de dette qu'ils avaient contractée… à condition qu'ils quittent aussitôt leur logement. Ils ont obéi, trop contents de s'enlever pareille épine du pied. Soit un duplex de 50 m2, dans le quartier de Tetuán, à Madrid, acquis en 2006, lorsque l'économie était florissante et qu'ils avaient tous les deux un emploi. Une fois au chômage, il leur a été impossible de rembourser le prêt immobilier et leur banque a initié une procédure d'expulsion pour récupérer l'appartement.
Mais, en Espagne, il y a bien pire encore que d’être jeté à la rue : la législation oblige le propriétaire expulsé à honorer la différence entre la valeur d’achat du logement et son prix de vente lorsque la banque le met aux enchères. Etant donné l’effondrement des prix et l’énormité des intérêts accumulés, la dette est souvent très élevée (jusqu’à 350 000 euros !) et les infortunés sont dans l’incapacité de payer. Depuis l’éclatement de la bulle immobilière, en 2008, on estime que 150 000 expulsions ont eu lieu, 328 000 sont en cours.
Le gouvernement conservateur de Mariano Rajoy entend freiner cette hécatombe. Le ministre de l'Economie a promulgué un décret établissant un «code de bonne conduite» : les banques sont invitées - sur la base du volontariat - à renoncer à ce pactole qui asphyxie les ménages, en échange de fortes réductions fiscales. Tout spécialement s'