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Libération
Interview

«On a peu de temps si on veut rester membre de la zone euro»

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Nikos Vettas, économiste grec, estime qu’il faut réformer radicalement le pays :
publié le 10 mars 2012 à 0h00

Effacement de la moitié de sa dette privée, nouveau plan de sauvetage de 130 milliards d’euros, la Grèce échappe à la faillite. Mais le plus dur reste à faire. L’Europe et le FMI ont conditionné leurs nouveaux prêts à l’adoption d’une thérapie de choc visant à assainir les finances publiques et à restaurer la compétitivité de l’économie grecque. Après huit ans à l’université américaine de Duke, Nikos Vettas, professeur à l’Athens University of Economics and Business, a cofondé un groupe d’«économistes grecs pour la réforme» (1). Pour lui, la crise actuelle est l’occasion d’un virage salutaire pour le pays.

L’Europe et le FMI n’imposent-ils pas une cure trop sévère à la Grèce ?

L’alternative, à savoir une sortie de l’euro, serait pire. En dehors de l’Union européenne, la Grèce perdrait tout crédit. Et sans crédibilité, il ne peut pas y avoir de compétitivité. Ramener nos salaires au niveau égyptien pour attirer les investisseurs ? Cela n’a aucun sens et n’arrivera pas. Mais je crois que, pour la Grèce, la pression s’impose pour réduire son déficit budgétaire. L’appartenance à l’Union a été une bonne chose pour ce pays et le déclin de sa compétitivité n’est pas dû à l’euro. Il avait commencé avant.

A quoi l’attribuez-vous ?

Le cœur du problème économique grec est un problème politique. Cet Etat est une démocratie encore trop jeune, piratée par divers groupes d’intérêts. Circonstance aggravante, le pays se retrouve pris dans une crise mondiale de la dette.

Croyez-vous aux chances de réussite du nouveau plan de sauvetage ?

Il s’agit d’un compromis raisonnable. Chacun assume sa part du fardeau, l’Etat grec, comme les créanciers privés et public