Passer la nuit au bureau ? Hee-lan y est habituée. Cette graphiste de 30 ans s'y résout une à deux fois par mois. Après 21 heures, son dîner est pris en charge par l'entreprise. Mais ses heures supplémentaires ne sont pas payées. Chaque mois, son salaire est le même : 1 000 euros net. Officiellement, les Sud-Coréens peuvent travailler jusqu'à 52 heures par semaine, dont 12 heures supplémentaires. Mais ce chiffre n'inclut pas les heures effectuées le week-end… Et 4 millions de salariés sont employés dans les 26 secteurs qui échappent à cette législation «limitant», si l'on peut dire, le temps de travail, parmi lesquels les transports ou la finance. Résultat : les horaires sont extensibles et les jours de vacances se comptent sur les doigts d'une main. «J'ai droit à quinze jours, mais ce serait mal vu de les prendre», soupire Hee-lan. Avec 2 193 heures travaillées par an, les Sud-Coréens sont les champions stakhanovistes de l'OCDE. Mais pour quel résultat ? Leur productivité horaire est, à l'inverse, l'une des plus faibles des pays développés !
Éméchés. Face à ce paradoxe, le ministère du Travail a décidé de lancer une enquête auprès de 35 000 entreprises soupçonnées de ne pas respecter la loi. Le gouvernement envisage ensuite de réduire la durée du temps de travail. L'idée : obliger les entreprises à inclure les week-ends dans le calcul des heures supplémentaires et réduire le nombre de secteurs exemptés. Une petite révolution au pays du matin calme…