On n'est jamais aussi bien trahi que par l'un des siens. La banque d'affaires américaine Goldman Sachs vient de l'apprendre à ses dépens : elle fait l'objet, dans le New York Times, d'une tribune au vitriol rédigée par un haut cadre démissionnaire.
Greg Smith n'a rien d'un obscur guichetier : l'homme était, jusqu'à aujourd'hui, directeur général en charge des marchés des produits dérivés en Europe, au Moyen-Orient et en Afrique. Il a également participé à des opérations de recrutement auprès de jeunes diplômés. «Je me suis rendu compte qu'il était temps de partir quand j'ai réalisé que je ne pouvais plus regarder les étudiants dans les yeux, et leur dire que [Goldman Sachs] est un bel endroit où travailler», écrit-il. «L'ambiance actuelle est plus toxique et destructive que jamais.»
Les clients, des «pantins»
Ce que reproche Greg Smith à son ex-employeur, c'est d'avoir perdu de vue l'intérêt des clients, et de s'affairer à gagner le plus d'argent possible sur leur dos. «Cela me rend malade de voir comment les gens [de cette banque] parlent ouvertement de dépouiller les clients, écrit-il. Dans les douze derniers mois, j'ai entendu cinq directeurs différents qualifier les leurs de "pantins", parfois dans des courriels internes.»
L'ex-cadre, qui assure tout de même n'avoir été témoin de rien d'illégal, détaille les moyens de gr