Il était une fois la France des années 60, ses grands chantiers, son taux de croissance à deux chiffres, ses prouesses technologiques dans des domaines comme les transports ou la production d’électricité. C’était le temps des grands barrages, du Concorde, des premières centrales à Chinon ou Saint-Laurent-des-Eaux, bientôt du TGV et de la fusée Ariane. L’Etat planifiait et investissait massivement avec des objectifs, une vision de l’avenir, à vingt ou trente ans. Cinquante ans plus tard, force est de constater que les choix de l’époque ont profondément marqué le pays. La palme d’or revient sans conteste au programme électronucléaire qui nous offre à la fois une des électricités les moins chères et le statut de pays le plus nucléarisé en Europe (58 réacteurs répartis sur 19 sites), au deuxième rang mondial derrière les Etats-Unis.
Flottement. Cette situation d'une électricité à 75% d'origine nucléaire est une spécificité française. De même que la confiance, l'adhésion globale de la population à des choix énergétiques sur lesquels pourtant elle n'a jamais été consultée. La catastrophe de Tchernobyl au printemps 1986 a provoqué un véritable électrochoc dans beaucoup de pays européens, à tel point que certains comme l'Italie ont voté l'abandon du nucléaire et fermé leurs centrales. Les autorités françaises nous ont rassurés sur le fait que le nuage radioactif restait miraculeusement bloqué au-dessus du Rhin, que cette catastrophe était un pur produit de l'effondre