Dans la salle à manger de l'Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM), dans le chic XVIIe arrondissement parisien, un maître d'hôtel en veste blanche tend délicatement un plat garni de noix de Saint-Jacques. Sur le mur trône un imposant tableau du sidérurgiste lorrain Robert de Wendel (1847-1903), l'un des premiers dirigeants de la fédération patronale la plus puissante et la plus sulfureuse de France, fondée en 1901 pour casser les grèves et les «rouges». Mais l'actuel président, Frédéric Saint-Geours, n'a pas les maîtres des forges pour modèle. «Ce n'est pas ma façon de me projeter», dit le directeur des marques de PSA Peugeot Citroën. S'il n'a pas touché au décorum, il a sérieusement dépoussiéré la maison, réputée pour son influence occulte sur la vie politique et syndicale. Et qui, en 2007, a affronté le scandale de la caisse antigrève de l'organisation, dans laquelle l'ancien délégué général a puisé 18 millions d'euros en liquide pour «fluidifier les relations sociales».
Arrivé pour remettre l'UIMM au carré, Saint-Geours a, de l'avis général, accompli sa mission. Fonctionnement plus démocratique, ouverture sur l'extérieur, audit des comptes. «On a remis l'organisation à l'endroit», se félicite-t-il. «Le changement est manifeste», salue le numéro 2 de la CFDT, Marcel Grignard. «L'opération n'était pas sans risque, et il l'a très bien gérée. Chapeau bas !» abonde la présidente du Medef, Laurence Parisot