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«De la jaquette ? Chez nous ? Oui ! Y en a pas mal»

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publié le 19 mars 2012 à 0h00

Ils sont cinq, attablés au bar du TGV. Ils se connaissent, s’apprécient, ont l’air contents de se retrouver. Ce sont des collègues de travail. Qui parlent d’autres collègues, en buvant du café, arabica ou robusta. Certains ont des sweats à capuche, le cheveu ras, net :

«Tu l’avais comme chef ? Tu savais qu’à la fin il avait complètement pété les plombs ? Il prenait de l’héroïne et il se prostituait pour payer sa drogue.

- C’est médiocre. Médiocre ! Et vous avez supporté ça un chef comme ça ?

- Heureusement, il a fini par être viré. Il a trop tiré sur la corde. Ils l’ont mis en formation maintenant.

- Y en a beaucoup des "comme lui" ?

- De la jaquette ? Chez nous ? Oui ! Pas mal.

- Il paraît que c’est 10 % de la société française.

- Pour savoir qui en est, quand je ne suis pas sûr, moi, je me renseigne chez Jean-François. Jean-François, je sais bien quand je parle filles, il n’est pas à l’aise. Je lui demande : "Il fait partie de ton club ?"

- Chez nous, quand même, on peut dire que ça fait une sacrée concentration.»

Un autre, avec une montre gros chronomètre qui donne les secondes, prend le contrôle de la conversation :

«Moi, au travail, il y a Pierre qui commence à me faire sérieusement chier. Il dit des trucs dans mon dos, en douce. L'autre jour, je lui balance : "Tu continues à me chier dans les bottes, je t'en colle une et tu disparais du circuit." Je peux pas me permettre d'avoir quelqu'un comme ça qui m