Ils ont monté quelques vivres pour passer la nuit sur le flanc de la montagne de Chiomonte, dans une quasi-obscurité. Dans cette portion du val de Suse, au pied du col de Montgenèvre et de la frontière française, le climat, en ce début mars, s'est à peine radouci. En contrebas, on distingue les ombres d'une dizaine de carabiniers barricadés derrière de lourdes barrières, le long de la rivière Dora Riparia. Mais la soixantaine d'activistes anti-TGV n'en a cure. Pour ces «No TAV» (les opposants italiens à la construction au Treno ad Alta Velocità Lyon-Turin), il s'agit de maintenir la pression, en multipliant les initiatives de protestation, y compris symboliques. Ce 7 mars, ils entament un marathon oratoire de vingt-quatre heures pour scander, en face du chantier, les «150 raisons pour dire non au TGV» : trop dangereux pour l'homme et la nature, trop coûteux, trop pharaonique, trop corrupteur… Malgré le micro et l'ampli, la voix se perd dans l'immensité et l'isolement du lieu. Qu'importe, dès le lendemain «les femmes du mouvement iront défiler à Turin», claironne Eleonora, une professeure de lettres à la retraite. Puis ce sera la manifestation, le 9 mars à Rome, aux côtés du puissant syndicat des métallos Fiom-CGIL. «Notre mouvement est devenu une référence pour toute l'Italie», souligne Luigi Casel, un des leaders de ce front de défense du territoire qui s'est radicalisé ces dernières semaines.
Provocations. Confirmant l'en