Ils sont guichetiers, facteurs ou encadrants, et ils patientent, ce jeudi, dans une brume frigorifiante, devant la direction territoriale Ouest-Bretagne de la Poste, en périphérie de Quimper. Ils attendent la sortie d'une délégation syndicale venue réclamer le gel des restructurations après les récents suicides de deux cadres régionaux, dont le dernier a eu lieu il y a une semaine. Une pause refusée hier par Jean-Paul Bailly, le patron de la Poste (lire ci-contre).
Une femme relève son col, l'autre piétine le sol pour se réchauffer : «On devrait être tranquille jusqu'en 2013», veut espérer Giselle (1), guichetière, en évoquant son poste. Sa peur ? Que son bureau disparaisse dans le mouvement perpétuel de réorganisation du réseau. Giselle est responsable d'un bureau de proximité, dans une petite localité, à quelques kilomètres du centre-ville. «Ils nous disent que tant qu'on est au-dessus de 30 000 points, on sera tranquille.» Les points, c'est une petite cuisine que Giselle a du mal à expliquer : «Ils calculent toutes les opérations qui se font en guichet : les ouvertures de compte, les colis à déposer, les recommandés…» Chaque opération est affectée d'un coefficient. «Mais ils changent constamment de méthode», poursuit, Giselle, un brin fataliste.
«militaire». Dans son bureau, la guichetière est seul maître à bord. Sauf pour décider des horaires d'ouverture au public : «Moi, c'est 9-12 heures et 14-16 heures.»<