«L'essence ici, c'est cadeau !» C'est la réponse des Vénézuéliens à l'automobiliste étranger qui, médusé, fait le plein pour la première fois dans une station-service locale. Le litre de sans-plomb coûte 0,097 bolivar, soit 0,017 euro… Pour remplir un réservoir de 50 litres, comptez 80 centimes d'euro ! «Un prix absurde», réagit l'économiste spécialiste de l'énergie Arnoldo Pirela. Car le prix du litre d'essence n'a presque pas augmenté depuis plus de quinze ans, dans un pays qui connaît une inflation annuelle supérieure à 30%. Certes le Venezuela est le premier producteur pétrolier en Amérique du Sud, mais ce «cadeau» aux automobilistes coûte très cher à l'Etat : plus de 1,5 milliard de dollars par an selon le ministre de l'Energie et du Pétrole, et président de la société nationale PDVSA, Rafael Ramirez.
Le président Hugo Chávez lui-même avait déclaré, en février 2011 : «Nous devons commencer à réduire la consommation d'essence.» Et pour cause : comme le gouvernement subventionne plus de 90% de cette ressource, les conducteurs vénézuéliens alignent les kilomètres sans compter, se moquant des économies d'énergie et des émissions de CO2. Seules mesures envisageables pour freiner leur soif de pétrole : rationner la consommation ou augmenter les prix à la pompe. Un risque qu'«aucun gouvernement n'osera jamais prendre, tant l'essence est devenu un thème politique», assure Arnoldo Pirela. Lorsque son prix avait été multiplié par deux