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Libération

La crise profite-t-elle à la gauche ?

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publié le 27 mars 2012 à 0h00

Quelques années après la faillite de Lehman Brothers et quelques semaines avant le premier tour de l’élection présidentielle, on peut se demander si la crise a eu un quelconque effet sur la fortune électorale des partis de centre gauche. La première réaction serait sans doute de penser que la crise aurait dû avantager les partis de gauche puisque c’était celle d’un modèle de capitalisme déréglementé dont les partis de droite avaient en principe été les plus grands défenseurs.

Pourtant, le paysage politique européen raconte une tout autre histoire. Entre 2007 et 2011, la gauche a été défaite dans les élections au Royaume-Uni, aux Pays-Bas, au Portugal et en Espagne. Elle n’a gagné qu’au Danemark, ce qui fait qu’aujourd’hui les gouvernements conservateurs gouvernent en Europe de façon encore plus écrasante qu’ils ne le faisaient avant la crise. Cette situation a l’apparence d’un paradoxe puisque les électeurs semblent conforter une ligne politique qui défend un modèle économique en crise.

Une telle situation n’est pas sans précédent. Comme le montre Johannes Lindvall de l’université de Lund en Suède, au cours des deux à trois années après la crise de 1929, les partis de gauche ont connu un déclin relatif avant de voir leurs scores électoraux remonter. Ce fut le cas en Australie, en Irlande ou au Royaume-Uni. Ce n’est qu’à partir de 1932 que les partis de centre gauche ont connu des succès électoraux, avec la victoire des démocrates emmenés par Roosevelt aux Etats-Unis. D’une cer