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Libération
reportage

Fnac : récit d'une séquestration

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Des salariés des magasins Fnac parisiens ont retenu leur patron jeudi pendant sept heures. Au-delà de leurs revendications salariales, ils déplorent la perte de sens de leur métier.
Des employés venus de tous les magasins de la Fnac Paris, demandent des explications sur les salaires au directeur régional (non photographié) durant une réunion de négociation salariale dans un hôtel à Paris le 29 mars 2012. (Photo Pierre Verdy. AFP)
publié le 29 mars 2012 à 23h45

La longue journée de Bruno Ferrec s'est terminée par une fuite un peu pathétique dans la rue Antoine Chantin. Il est 21h30 et le patron des Fnac parisiennes joue à cache-cache avec une vingtaine de ses salariés depuis une demi-heure. Flanqué de son directeur des ressources humaines, il tente une exfiltration rapide de l'hôtel Ibis de la rue des Plantes (XIVe arrondissement). En courant, il traverse le restaurant de l'établissement et s'engouffre dans une berline noire, sous les huées et les sifflets d'une vingtaine d'employés qui guettaient sa sortie de l'autre côté de la rue. Fin de 7 heures de face à face muet et stérile.

Tout a commencé à 14 heures. Les délégués syndicaux des magasins Fnac de Paris rejoignent l'hôtel Ibis, lieu de la troisième et dernière réunion de la Négociation annuelle obligatoire (NAO). Ils doivent y rencontrer Bruno Ferrec, directeur régional du géant des produits culturels. Sauf que cette fois, ils sont flanqués d'environ 150 salariés grévistes. Syndicalistes ou non, ils comptent bien demander des comptes à leur patron. Car cette année, en guise de négociation, la direction ne propose qu'une hausse de salaire de 15 euros mensuels pour les employés gagnant moins de 1500 euros par mois. Dérisoire, de l'avis général.

«Même les gens un peu individualistes se sont déplacés.»

Certes, la direction ne fait qu'appliquer son plan de «modération salariale». Mais pour tous les salariés, «c'est se moquer du monde». «Ce n'est pas une négociation, ils n'ont rien à proposer», explique Yazid Bedidi, repré