Xavier Timbeau est Directeur du Département analyse et prévision de l’OFCE (Observatoire français des conjonctures économique), qui présentait hier ses prévisions de croissance pour l’économie mondiale pour 2012 et 2013. Selon l’OFCE, la vague d’austérité budgétaire en zone euro va induire une récession de 0,4% cette année en Europe.
Vos études montrent la fragilité persistante dans laquelle la zone euro est toujours plongée. Le pire est-il à craindre?
La dette grecque est restructurée, la BCE intervient. Mais rien n’est réglé. Les déficits publics sont élevés dans tous les pays, sauf en Allemagne. La récession frappe à nouveau l’Italie et l’Espagne qui, du coup, ne tiendront pas leurs engagements sur la réduction de leurs déficits. Et vont donc apparaître comme ne maîtrisant pas leur situation budgétaire. D’autant qu’une récession en zone euro va rendre la situation sociale plus dure, les inégalités plus fortes. Le chômage restera à un niveau élevé, mais les allocations chômage sont de moins en moins généreuses pour des chômeurs de plus en plus dans la longue durée. L’OCDE propose même de flexibiliser le marché du travail. La récession prend ainsi un tour catastrophique dans certains pays.
Assiste-t-on à une décomposition de l’Etat?
Pour ce qui est de la Grèce et du Portugal, c’est une évidence. On y brade des actifs publics, on démantèle la protection sociale. C’est un peu ce que l’on a fait au bloc soviétique dans les années 1990, avec les succès qu’on connaît.
Concrètement en quoi les politiques d’austérité ont-elles un effet dépressif sur l’économie, tant en France qu’en zone euro?
Les politiques restrictives ont un impact sur l'activité à travers le multiplicateur. Il y a un consensus sur la valeur à court terme, à une à ou deux années, du multiplicateur b