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Libération
Récit

Stella Devigne, 46 ans, exposée au formol et licenciée

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Cette femme de ménage dans un laboratoire de Douai a été renvoyée pendant un arrêt maladie. La justice a condamné vendredi son ex-employeur.
publié le 31 mars 2012 à 0h00

C'est son psy qui l'a encouragée. Quand les avocats ont fini de parler droit et technique, Stella Devigne, 46 ans, s'est levée, minuscule face au juge de la chambre sociale de la cour d'appel de Douai (Nord). Elle n'a pas parlé du sujet, son licenciement abusif après trois ans comme femme de ménage dans un laboratoire d'anatomo-pathologie de Douai, mais de tout le reste, pêle-mêle. «Moi, j'étais femme de ménage. Je ne connaissais pas les lois. On m'a fait vider des pots de formol avec des chairs humaines dans des conteneurs. C'était un travail horrible, sans formation et sans protection. J'ai aussi respiré des vapeurs de formol, ça me piquait aux yeux, et j'avais du mal à respirer, je ne savais pas que c'était dangereux, je l'ai su bien après. Je suis dépressive de tout ce que j'ai subi. C'est honteux.» Le juge l'a regardée d'un air doux. «Si la décision du tribunal n'est pas en relation avec ce que vous avez ressenti, ne pensez pas que c'est une décision contre vous. Il y a des normes de droit, il faut les appliquer.»

La justice est passée. Vendredi matin, la chambre sociale a condamné Douai Pathologie à verser 6 900 euros de dommages et intérêts à Stella Devigne pour rupture abusive de son contrat de travail, alors qu'elle était en arrêt maladie, et que l'employeur n'a pu démontrer que le fonctionnement de l'entreprise avait été perturbé par son absence. Stella Devigne a donc eu gain de cause, mais elle n'a pas retrouvé le sourire. «Je n'ai plus de goû