Des champs, mais sans vaches. Ils sont en friche, interdits à la chasse. Un paradis pour les lièvres et les canards, pollué à la dioxine, un dangereux cancérigène. C’est un mal invisible, présent à doses infimes, mais toxiques, qui va perdurer pour des siècles si l’on ne fait rien.
Le coupable de cette pollution chronique et massive ? L'ancien incinérateur d'Halluin, dans l'agglomération lilloise, qui a brûlé pendant trente-et-un ans les déchets, sans jamais se soucier de filtrer ses fumées. «C'était comme si on déversait des sacs de ciment, c'était tout gris, on ne pouvait pas étendre le linge dehors», raconte André, un ancien agriculteur. L'installation a été arrêtée en 1998, quand Danone a tiré la sonnette d'alarme : le lait des exploitations environnantes était contaminé à la dioxine. En broutant l'herbe, les vaches avalaient aussi des particules de terre, saturées en dioxine. Le polluant se condensait dans les graisses animales et risquaient de contaminer toute la chaîne alimentaire… Au bout, l'homme et des cancers potentiels. «On savait bien qu'il y avait eu Seveso en Italie (1), mais on n'imaginait pas que la dioxine pouvait être la cause de pollutions sur des territoires comme les nôtres», se désole aujourd'hui Jean-Luc Deroo, le maire d'Halluin. Depuis les consignes sanitaires ont été renforcées : lavage soigneux des légumes de jardin obligatoire, interdiction d'élever des poules qui picorent la terre polluée…
«Cendres». La