Personne ne s'attendait à une telle crise, surtout pas l'investisseur américain. Face à la fronde de l'extrême gauche, la Fondation des musées Guggenheim et le constructeur automobile BMW ont préféré plier bagages. «Laboratoire Guggenheim-BMW», l'exposition itinérante sur l'avenir du tissu urbain que les deux investisseurs entendaient planter pour deux mois le long de la Spree, dans le quartier alternatif de Kreuzberg, envisage de contourner carrément Berlin, ou de se replier sur l'arrondissement bobo de Prenzlauerberg. Les riverains de Kreuzberg, notamment les habitants des squats, avaient menacé via Internet de s'en prendre au projet à coups de jets de peinture et d'attaques de graffitis. «Il faut s'attendre à des actes de vandalisme», admet un porte-parole de la police berlinoise.
Deux investisseurs qui cèdent sous la menace de l'extrême gauche… L'affaire fait grand bruit, d'autant que Berlin, surendetté, ne peut guère se permettre de chasser des entreprises du calibre de BMW. Les autorités de la ville ont été d'autant plus surprises par la violence des réactions de l'extrême gauche que le projet Guggenheim-BMW est a priori plus culturel qu'industriel : «Le but du "Laboratoire Guggenheim-BMW" est de créer un espace de discussion public, ouvert à un large éventail de regards», précisent les promoteurs du projet.
Le débat politique est dominé depuis des mois à Berlin par le renchérissement des loyers, qui a atteint l'an passé un niveau record à Kreuzberg.