C'est une situation incertaine, explosive. La Société nationale maritime Corse Méditerranée (SNCM), trait d'union entre l'île et le continent, se retrouve depuis quelques semaines entre le marteau de son premier client, la Corse, qui ne veut plus payer autant pour sa desserte, et l'enclume de son principal actionnaire, Veolia, venu à reculons dans le capital et qui «développe» une stratégie parfaitement illisible. Pour assombrir le tableau, la SNCM est simultanément privée (par la justice) de sa délégation de service publique (DSP) pour la desserte de la Corse et dépouillée (par sa direction) de ses accords d'entreprise. De multiples négociations sont en cours, jeux de menteurs compliqués par la situation hybride de ce marché de la desserte corse, partiellement régulé tout en étant soumis à une très forte concurrence. Le tout sous le regard de l'Etat, concerné à plusieurs titres, mais extrêmement passif.
Depuis 1976, les liaisons entre l’île et le continent font l’objet d’une aide publique, au nom de la continuité territoriale. L’idée est que les traversées ne doivent pas coûter plus cher aux Corses que s’ils prenaient le train. Dans un premier temps, l’Etat a contrôlé le capital de la SNCM (75%, aux côtés de la SNCF à 25%), laquelle disposait d’une convention de vingt-cinq ans pour desservir en exclusivité la Corse, en échange d’une subvention d’équilibre. En 1991, l’Etat a transféré cette délégation de service public à la collectivité territoriale de Corse, contre