L'Espagne traverse une tourmente économique sans précédent avec une prime de risque qui explose à 433 points, un taux d'emprunt des plus élevés (6% sur dix ans) et un chômage de près de 25%… José Carlos Diez, chef du département économique d'Intermoney et professeur d'économie à l'université d'Alcalá, a répondu aux questions de Libération.
Peut-on dire que le pays est proche de la tragédie grecque ?
Heureusement non, pas encore. L'Espagne est dans une situation préoccupante, mais pas encore critique. Il ne faut pas tomber dans la démagogie… L'Espagne et la Grèce, ou encore le Portugal, n'ont rien à voir entre eux économiquement. La seule valeur boursière de la compagnie espagnole de téléphonie Movistar est plus importante que celle de toute la bourse grecque réunie ! Autre point crucial qui nous différencie des Grecs : la situation de notre Trésor public. Les caisses de l'Etat ne sont pas totalement vides et on n'a jamais cessé d'émettre des emprunts depuis 2009. Cet été, on a certes frôlé l'intervention de la troïka [Commission européenne, BCE et FMI, ndlr], mais nous avons réussi à résister grâce au Trésor public.
Il y a moins de 10 ans, l’Espagne se vantait de son miracle économique et aspirait à entrer au G8… Comment est survenue une telle dégringolade ?
La crise financière touche toute l’Europe depuis 2008. Dans le cas espagnol, l’éclatement de la bulle immobilière a été une circonstance aggravante. Il y a eu un véritable manque de contrôle, une folie des grandeurs qui a poussé le pays à s’endetter au-delà du raisonnable durant les années 2000. Et comme nous n’avions pas d’économie propre, il a fallu emprunter à l’extérieur. La difficulté aujourd’hui est d