On peut reprocher beaucoup de choses à Anne Lauvergeon, sauf une : sa constance. L'ancienne patronne d'Areva (1) martèle en privé le même discours depuis quelques années : l'industrie nucléaire française est la proie «d'un clan», d'un petit groupe d'hommes dans lequel on trouve nombre d'amis ou de proches du chef de l'Etat, de Martin Bouygues (groupe Bouygues) et Patrick Kron (Alstom) à Henri Proglio (EDF). Le simple déroulé factuel de ces dernières années montre qu'elle n'est sans doute pas loin de la vérité. C'est notamment pour n'avoir jamais varié d'un iota dans ce discours, au risque de finir par rendre impossible le fonctionnement normal de ce secteur d'activité clé en France, qu'elle n'a pas été reconduite à la tête d'Areva en juin 2011 comme elle l'espérait.
Proximité. La nouveauté, c'est que, à quelques jours du premier tour de l'élection présidentielle, elle déballe - presque - tout sur la place publique via un livre (la Femme qui résiste, Plon, à paraître lundi) et une interview accordée cette semaine à l'Express qui en fait s'étrangler plus d'un sous les ors de la République. Elle y dénonce les méthodes du patron d'EDF, Henri Proglio, et sa proximité avec Nicolas Sarkozy, s'interrogeant sur les raisons pour lesquelles le premier avait «table ouverte à l'Elysée durant tout ce quinquennat», évoquant «les intérêts d'un clan et des intermédiaires». Elle reconnaît avoir décliné une offre faite en 2007 par le