Vues du petit port de Gedser, paisible village de 800 âmes à la pointe sud du Danemark, les éoliennes ressemblent à des allumettes plantées sur l’eau. Il faut voguer sous leurs pales, à 10 km des côtes, pour embrasser le gigantisme du champ de Nysted, propriété de Dong Energy (l’EDF danois). 72 turbines de 70 mètres de haut y sont alignées sur 2 500 hectares. Elles produisent seulement 2,3 MW chacune, contre 5 à 6 MW pour les modèles qui seront installés en France. Mais elles tournent depuis déjà dix ans…
Depuis l'abandon des recherches sur le nucléaire en 1972, le royaume a tout misé sur le vent, à terre puis en mer. Signe de cette volonté politique, un champ offshore a été érigé à seulement 2 km du port de Copenhague. «La reine l'a sous les yeux tous les matins en ouvrant ses volets. On n'imaginerait pas ça en France», sourit un cadre de Dong. Résultat : l'énergéticien a installé le premier champ marin du monde en 1991 et revendique la place de leader européen, avec 30% de la puissance installée.
Obsession. C'est pour bénéficier de cette expertise qu'EDF s'est associée à Dong pour l'appel d'offres français (lire ci-contre). «Le vrai défi, ce n'est pas de construire une ferme éolienne, c'est de la maintenir en fonctionnement optimum pendant vingt ans», explique le patron du champ de Nysted, Thomas Almegaard. Les fabricants insistent pourtant sur la fiabilité de leurs machines. «Ceux qui disent que ça tourne tout seul se trompent