L’assemblée générale annuelle de L’Oréal, hier au Palais des congrès, à Paris, fut impeccable, ratifiant comme à la parade une hausse de 11% du dividende versé aux actionnaires. Le géant des cosmétiques s’est aussi offert une cure de jouvence, en intronisant, au conseil d’administration, Jean-Victor Meyers (25 ans), petit-fils de Liliane Bettencourt (88 ans), qui lui fait office de tuteur. Mais en marge des réjouissances, une affaire qui empoisonne L’Oréal depuis quinze ans a ressurgi : le français, d’ordinaire pointilleux sur son réseau de distribution, aurait laissé prospérer en Russie un marché gris aux relents mafieux. Une enquête pénale pour abus de confiance et blanchiment a été confiée à la fin de l’année dernière au juge d’instruction Roger Le Loire.
Tout démarre à Dubaï, au milieu des années 90. Des «touristes» russes effectuent des razzias dans les duty-free shops de L'Oréal. Ils remplissent des valises, puis des avions - ceux du trafiquant Viktor Bout, qui a inspiré le film Lord of War. Après avoir livré des armes en Afrique, il n'aimait pas rentrer à vide… L'Oréal est au courant du manège. «Il y avait un pont aérien entre Dubaï et Moscou, témoigne un ancien cadre sur procès-verbal. Des avions militaires qui ne payaient aucun droit de douane.» Certains s'en alarment : «Ce marché gris massif était très néfaste pour l'image de nos produits», a raconté un autre ex-dirigeant aux enquêteurs. Mais le mot d'ordre à la tête de L'Oréal e